Tout est bien qui finit bien. Sans le savoir, Xavier BERNARD, artiste celte, a choisi le 28 avril, journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail pour installer « Otha Woodhedge », cercle spirituel forestier dans les Chemins d’artistes. Retour sur un grand moment périlleux.
Sans réfléchir, à chaud, comment qualifier cette journée ?
Un grand moment, oui, un moment chaud aussi. Chaud, car j’ai remis la création au public, sans surveillance, directement aux regards, dans la cité.
Difficile de lâcher son œuvre dans la nature ?
Oui. Après une période de gestation, de désir et peut-être d’idolâtrie, je lâche la relation nuptiale que j’ai eue dans ces premiers temps avec l’œuvre et je l’envoie dehors.
Comment raconter l’intégration de cette création dans le paysage ?
Là aussi c’était chaud, car je devais organiser le projet, l’idéal, les projections fantasmées avec le site, les alignements du lieu, la géobiologie, la forêt, les habitats humains, le vieux verger, les haies de noisetiers pourpre….
D’autres sensations autour de cette notion de chaleur que tu as exprimée spontanément ?
Chaud physique : la machine et la confiance en l’autre, le conducteur de l’engin, et la proximité de mes chairs pour creuser, planter et tenir les œuvres, et puis le poids des Cromo (entre 90 et 40 kg).
Et aussi chaud, sous le soleil, l’activité physique, l’énergie.
Tu as parlé de point de non-retour, pourquoi ?
La création, l’installation, c’est pour moi un point de bascule et de non-retour ; c’est en cela différent de l’exposition proprement dite. La sculpture, c’est une technique de retrait de matière et donc de choix et de responsabilité avec la matière ; en cas d’erreur de retrait, il y a un risque d’handicap de l’oeuvre.